pour chaque article : illustrations, aphorismes "londresiens" et accès au Fac similé intégral du journal en pdf.
livre 1 - Premiers reportages de guerre - 09/1914 - 01/1915
Après plusieurs années de journalisme du quotidien, principalement comme échotier rapporteur des débats parlementaires dont on n'a guère relevé trace, Albert Londres est lancé dans la carrière de reporter en étant désigné, seul en poste au journal ce jour-là, pour aller rendre compte de ce qui se passait autour de Reims
Ce qui deviendra le "style" d'Albert Londres est déjà tout entier dans ces premiers reportages de terrain. Avec une forte empathie pour les hommes, quel que soit leur côté du front, mais aussi pour les habitants et leurs terres anéanties, les paysages, la nature et le patrimoine bâti, l'agonie de la cathédrale décrite comme celle d'un être humain.
Le Matin 10 septembre 1914
Visions de guerre article absent de cette édition du 10 septembre
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C'est la première fois que le nom Albert Londres apparaît en signature d'un article
Nous vîmes tomber des gouttes d'eau de la voûte trouée. Il ne pleuvait pas … ce n'était pas la pluie : c'était la cathédrale pleurant sur elle-même....
La cathédrale de Reims n'est plus qu'une plaie.
le nom d'Albert Londres n'est pas porté en signature de l'article
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Vêtus, coiffés de sombre, ils semblaient tous ensemble, un morceau de nuit, dont leurs mâchoires auraient été le clair de lune.
Le Matin 16 octobre 1914
Hazebrouck - le journal n'est pas disponible sur Gallica
On était si seul que nous allumâmes une cigarette pour être deux.
Le Matin 17 octobre 1914
Arras aussi - le journal n'est pas disponible sur Gallica
Le désastre a trouvé là sa plus grande expression.
C'était notre place Saint-Marc à nous. C'est maintenant notre Messine.
Le Matin 26 octobre 1914
Dunkerque la ville forte - article absent de l'édition du 26 septembre
Les Dunkerquois ont compris l'enseignement de leur tour. Ils ont la même allure.
Les Belges! nous les avions beaucoup aimés avant de les voir. Nous les avons vus.
Le Matin 31 octobre 1914
Furnes 27 octobre 1914 - cet article n'existe pas sur l'édition du 31 octobre
Les obus brisants font, en passant, un bruit de wagonnet mal graissé glissant sur ses rails.
Nous arrivâmes à Pervyse. Les balles picoraient les tuiles…
Le clocher de Pervyse s'effondra.
Furieuse de se voir ainsi enjamber, l'Yser éclata et, de petit filet, devint un lac. Les Allemands s'en allèrent se sécher plus loin.
Furnes, avec ton hôtel de ville où le bourgmestre ne devait entrer qu'en talons hauts et bas de soie; Furnes, dont le beffroi porte un si mignon campanile, les bêtes sont là !
Le Matin 9 novembre 1914
Furnes 5 novembre 1914 - Dans Nieuport - cet article n'existe pas sur l'édition du 9 novembre
Le général Dossin nous parla de cette retraite d'Anvers qui fut plus magnifique que nous l'avons dit.
Nous ne connaissions pas Nieuport. Nous y voilà. Nous ne l'aurons pas connu… Nieuport avait ses halles. Nous ne les aurons jamais vues.
Le Matin 15 novembre 1914
Furnes 10 novembre 1914 - Sous Dixmude - cet article n'existe pas sur l'édition du 9 novembre
Les zouaves rappliquaient. Ils avaient l'air plus que jamais d'être deux dans leur culotte.
Les Croix-Rouge étaient devant leur civière. "Retiens-m'en une!" dit un zouave.
Le Matin (29) ? novembre 1914
Furnes 17 novembre 1914 - Une voix d'homme au milieu des canons - cet article n'existe pas sur l'édition du 29 novembre
On a froid, on est trempé, mais comme si l'on ne devait pas avoir chaud, comme si l'on ne devait pas être au sec. C'est bien.
L'âme change d'enveloppement : vous passez d'une vie dans la vie.
Le devoir … c'est une chose comme le ciel, que l'on voit peut-être, mais dont on n'a jamais pu toucher l'extrémité !
La Panne, 23 novembre 1914
Le sable, qu'au cours des siècles le vent furieux prit au rivage pour bâtir, ce sable qui à force de contempler les vagues, s'est festonné à leur image, allonge sur cette côte du nord la désolation de ses montagnes phtisiques. Ce sont les dunes.
les fusiliers marins sont plus jeunes que tous les autres soldats. Ils ont porté dès vingt ans le ciel sur leur col. Cà leur fait de belles épaules. Ils ont l'aspect inébranlable. Ils sont devant la mort sans un recul : c'est qu'ils la regardent d'un regard fait à l'immensité.
Il est des hommes qui meurent; les fusiliers marins se donnent.
Ils étaient partis l'arme bien en main, l'âme prête à quitter le corps.
La guerre sur Arras Entre la Lys et l'Oise, 24 janvier 1915
Ils sont sur le front, en plein. Ils ont vu de leurs amis déchiquetés en allant chercher un pain. Ils savent qu'ils sont eux-mêmes forcés d'aller chercher ce pain.
Le dimanche ils vont à la messe, le reste de la semaine ils suivent l'enterrement de leurs voisins. Leur esprit s'est dépouillé de toute chose extérieure à leur ville. Ils se sont peu à peu mariés à son sort. Ce sont les envoûtés d'Arras.
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