L'univers des écrits de et sur Albert Londres






pour chaque article : illustrations, aphorismes "londresiens" et accès au Fac similé intégral du journal en pdf.


livre 11 - 1932 - Dernier reportage en Chine

Albert Londres a quitté le Petit Journal de son ami Elie-Joseph Bois qui était effrayé par l'ampleur des frais engagés par le grand reporter, il réussit à se faire recruter par le Journal dans de très bonnes conditions financières pour un reportage qu'il souhaitait faire depuis son premier voyage en Chine en 1922. Et il tombe bien, arrivant à Shangaï début février 1932, au moment où les Japonais déjà en Mandchourie décident d'investir cette ville. Il consacre 26 articles envoyés chaque jour par câble à son journal, jusqu'à la fin des opérations. Il entreprend alors ce qui était au coeur de sa venue en Chine, en se rendant auprès des principaux acteurs chinois et japonais et le roi fantoche de Mandchourie (ex dernier empereur) mais aussi et surtout les acteurs de l'ombre, seigneurs de la guerre et chefs mafieux de la drogue. Il rédige un reportage qu'il qualifie d'explosif. Il en mettait au clair les derniers paragraphes sur le bateau du retour lorsque celui-ci prit feu. Albert Londres quitta alors ses amis pour aller récupérer son manuscrit dans sa cabine. le feu ayant gagné il sortit par le hublot, un marin qui l'aperçut lui tendit un tuyau qui était mal attaché. AL tomba à l'eau, il ne savait pas nager. Même pour ceux qui, comme moi, font preuve de peu d'imagination, il semble évident que la dernière grande oeuvre, posthume mais pour nous virtuelle, repose avec son auteur, dans la sacoche où celui-ci l'avait serrée.

On retrouve le "correspondant de guerre" qu'AL a de façon impromptue retrouvée à Shangaï. Ce statut, son culot et une grande part d'inconscience le font se mêler à tous les évènements, en se rendant sur tous les théâtres de l'action et allant recueillir les "impressions" des responables militaires japonais et chinois.



Le Journal 31 janvier 1932
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Les tragiques journées de Shangaï

Shangaï 31 janvier
Les Japonais avaient traversé la Mandchourie : ils avaient débarqué à Tien-Tsin comme on cueille une fleur, en passant, sans s'arrêter. Mais, en Chine, tout arrive : il arrive que, malgré M. le maire, des soldats chinois décident de se battre. Alors commença l'autre chose. Toute armée chinoise est accompagnée d'irréguliers, les plain clothes man autrement dit des francs-tireurs. Les Japonais, sur le trottoir, virent la guerre sortir des fenêtres. Leur plan était déjoué. La bataille de rue commença.
Le cortège qui accompagne les grands malheurs passe en courant dans le reste de Shangaï. Rickshaws. brouettes à une roue, véhicules antédiluviens dont je suis loin de savoir les noms, tout cela bourré de matelas de cauchemar, au-dessus desquels glapissent les innombrables enfants chinois, s'engouffre en désordre dans les concessions étrangères.


Le Journal 1er février 1932
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La panique règne dans Shangaï
Shangaï 31 janvier (via Eastern)
Le coeur de Shangaï ne cesse de battre d'heure en heure plus fort; l'une des plus grandes villes du monde perd la tête. Brouettes et rickshaws pliaient sous le poids des femmes, des concubines, des rejetons, des matelas et des bols de porcelaine...Dans le centre de Shangaï, on n'entend que les coups de feu des snipers. Le sniper n'est pas le plain clothes man, ce sans vêtement, cet espèce de franc-tireur officiel qui, tout de même, arrêta les Japonais. Le sniper est un vagabond qui a faim.
Dans Chapeï, la bataille entre fenêtres et trottoirs reprend du soir au matin. Qu'allons-nous voir ce soir? Chinois et Japonais vont-ils s'accrocher? La Chine déclarera-t-elle la guerre au Japon?


Le Journal 2 février 1932
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Les concessions française et internationale
Shangaï 1 février (via Eastern)
Avant tout et pour bien comprendre, je vous demande de ne pas oublier que l'affaire se passe en Chine. Un chat en France s'appelle un chat : ici, un chat s'appelle tantôt un lion, tantôt une souris, mais jamais un chat...A part cela, tout va comme devant. La panique brave même la pluie...Les snipers snipent de plus belle. Ce qui est grave, et j'envisage les conséquences qui pourraient en découler, c'est qu'ils tiraillent sur le territoire international.
Un mot sur les concessions. D'abord, la française. Elle part du fleuve Whangpoo, sur le Bund, et cette base de son quadrilatère s'appelle aussi quai de Fance. Il n'est pas long, mais le quadrilatère s'enfonce sur douze kilomètres...Maintenant, prenez un oeuf, un gros oeuf de cane, et posez-le non loin du quai dans le quadrilatère : c'est la cité chinoise de Nantao. Dans nos murs, en dehors de mille trois cents Français, nous avons un essaim, hélas! sans reine, de quatre cent mille Chinois


Le Journal 3 février 1932
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L'heure du couvre-feu dans les rues de Shangaï
Shangaï 2 février (via Eastern)
Cette nuit, pour la première fois, le couvre-feu fut ordonné. A dix heures, les rues devaient être vidées. Un million de Chinois étaient justement dans ces rues, campant. Qu'allait-il se passer? Si le branle-bas qui s'ensuivit avait eu lieu en Europe, on eût relevé dix mille morts sur le terrain, la marée une fois passée. Ici, il ne resta rien. Les poulets dans leur cageot, eux aussi en route pour l'exil, n'eurent pas une seule de leurs plumes froissée. Aucun des oeufs bourrant ces innombrables poches n'entendit craquer sa coquille.

S'engouffrant dans le labyrinthe des ruelles, ils envahissaient les maisons. Les premiers gagnaient le plus haut étage, les autres suivaient et l'assaut de l'immeuble ne cessait qu'au moment où l'entrée vomissait les derniers...Plus un Chinois n'était dans les rues.



Le Journal 4 février 1932
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Les Japonais occupent les forts de Woosung
Shangaï 3 février (via Eastern)
Là où, pendant ces quatre derniers jours, passa l'exode, passent aujurd'hui tanks, mitrailleuses, sacs de terre, chevaux de frise, mortiers. Le Bund est transformé en camp anglais. Les troupes écossaises y débarquent de plain-pied, à toute vitesse. Les avions japonais survolent la manoeuvre, tournent et retournent, sans doute pour compter un à un les carreaux de la jupe des Highlanders.

Le gros de cette journée commença, ce matin, à onze heures. Des navires japonais se tenaient à Woosung à l'endroit où le Wangpoo, rivière de Shangaï, se jette dans le Fleuve Bleu, autrement dit Yang-Tsé.


Le Journal 5 février 1932
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Le canon tonne à Shangaï pour la possession de Chapeï
Shangaï 4 février (via Eastern)
Le froid piquait : une brise passait la peau de vos joues au papier de verre. Du palace au champ de bataille, un quart d'heure à pied. Et en avant l'artillerie! Cela tombait sur les toits, dans les rues, sur les ponts, dans l'eau de cette branche du Whangpoo dont je ne sais le nom. Tranche par tranche, la ville recevait son compte. Les maisons chinoises, à première vue, ne paraissent pas très solides sur leurs bases. Impression trompeuse : elles tenaient. Trépanées, défoncées, elles ne s'écroulaient pas.
De temps en temps, au son d'un éclatement voisin, nous longions les murs et même d'un geste commandé par l'instinct nous relevions le col de notre pardessus. C'était bête, mais la guerre, je crois, n'est pas très intelligente.


Le Journal 6 février 1932
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La propagande de Moscou s'exerce à Shangaï
Shangaï 5 février (via Eastern)
Les Chinois - il ne s'agit pas du gouvernement, mais des cellules de cet immense peuple qui, depuis longtemps, ne connaît pas les joies d'être gouverné - les Chinois ne se trompent pas sur l'issue de l'aventure. Ils savent que, tôt ou tard, à n'importe quel prix, les Japonais répareront leur échec.
Les meneurs bolcheviques montent sur les bornes. Le bolchevisme dont il s'agit est chinois; il tient de l'autre. Les Chinois en ont retenu surtout ceci : renverser ce qui existe. L'heure est venue. Ils opèrent en plein air, comme Lénine sous Kérenski... Le canon japonais ne doit pas nous faire oublier le sabre chinois.


Le Journal 7 février 1932
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Les Japonais encerclent Chapeï
Shangaï 6 février (via Eastern)
Nous sommes aujourd'hui 6 février, jour de l'an chinois. Un fantôme qui prend parfois le nom de gouvernement, a supprimé le jour de l'an chinois. Les sujets n'ont pas bronché. Ils ont conservé leur vieux jour de l'an; ils l'ont appelé la fête du printemps.

Malgré tout, c'est jour de fête. Le Chinois tournait la manivelle de son orgue et le Japonais pressait sur la gâchette de sa mitrailleuse. La vie est faite comme elle est faite. On peut aller où, hier, on n'allait pas. Des cadavres. Personne, en effet, ne ramasse les cadavres chinois. Le choléra, heureusement, n'aime pas le froid.




Le Journal 8 février 1932
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Scènes vues et vécues dans le décor fumant de Chapeï

Shangaï 7 février (via Eastern)
Il faut revenir sur les snipers et les fameux sans-vêtements. La presse chinoise ne leur fait pas leur droit. D'après elle, la gloire de ces journées ne reviendrait qu'à l'armée. Le hors-la-loi, le franc-tireur est le héros du jour. Hier, il tirait sur les douaniers, aujourd'hui, il tire sur les Japonais.

Le ravitaillement est devenu presque impossible. Alors, une fois les réserves épuisées, les francs-tireurs quitent leur gîte. De toit en toit, ils prennent l'air. Ils se retrouvent dans une rue de Chapeï,...se laisent fouiller comme de malheureux abandonnant enfin leur logis.






Le Journal 9 février 1932
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En regardant les Japonais débarquer à Woosung
Shangaï 8 février (via Eastern)
De Woosung à Shangaï, le Japon, si jen crois mes yeux, n'a pas de nationaux. Aujourd'hui, sans aucun doute, on y rencontre des Japonais. Seulement, ils viennent de débarquer. De plus ils ne portent pas de kimonos, mais des mitrailleuses.








Le Journal 10 février 1932
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Shangaï attend le choc entre Chinois et Japonais
Shangaï 9 février (via Eastern)
Les Japonais ont trouvé une résistance qu'ils n'avaient pas prévue. Leurs troupes continuent de débarquer à l'embouchure du Whangpoo et du Fleuve bLeu. On ne sait quel jour se produira le choc mais, à moins d'un évènement diplomatique auquel personne ici ne veut croire, il aura lieu. Pour les Japonais, c'est une question de face. Shangaï attend.


Le Journal 11 février 1932
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Une visite aux troupes japonaises

Shangaï 10 février (via Eastern)
Aujourd'hui on se promène dans cette guerre comme chez soi. Je m'approche. Ce sont deux snipers chinois. Les mains liées dans le dos, ils sont étendus, les yeux ouerts. La mort chez les Asiatiques, dont beaucoup déjà de leur vivant ont une tête de mort, prend un aspect sybillin. De l'autre côté du chemin, un amas recouvert de plusieurs toiles bleues. Des pieds dépassent. Je ne soulèverai pas non plus les toiles.

Les commandements sont très curieux; ils se traduisent par une espèce de long miaulement, de ces miaulements de chat qui, la nuit, vous font peur... Voici des soldats, la face dévorée par un large tampon qui cache leur nez et leur bouche. Craindrait-on les gaz? C'est un masque contre la grippe.




Le Journal 13 février 1932
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La trêve de quatre heures a permis de sauver enfants, malades et vieillards

Shangaï 12 février (via Eastern)
Le canon, la mitrailleuse se sont tues. Les snipers chinois, à qui l'on ne fait pas le service des journaux, continuent de tirer. Cette trêve est une idée du P. Jacquinot...Depuis deux semaines, dans l'une des plus grandes villes du monde, tout ce qui d'ordinaire fait l'objet des attentions de l'humanité demeuraient sous les feux croisés de deux armées qui, ne l'oublions pas, ne sont pas officiellement en guerre. Cinq enfants se tenant par la main, petits magots boudinés dans des casaques ouatées, passent, emmenés par une nurse. Leurs larmes ont tracé un sillon sur leurs joues sales.
Je dois vous présenter les ronins. Le ronin est un Japonais qui, tout en restant un civil, est beaucoup plus méchant qu'un militaire. Dans une main, il tient un gourdin et, dans l'autre, un revolver.


Le Journal 14 février 1932
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Les Japonais déclenchent à Chapeï une offensive sans résultat

Shangaï 13 février (via Eastern)
Au seul point de vue du nombre, le Japon dominerait la Chine...or rien n'avance... Parlons de la 19ème armée chinoise qui, aux yeux du monde, fait échec au plan japonais. Comme toutes les autres, elle n'est composée que de mercenaires. Le pays ne lui donne pas d'ordres.. La Chine ne possède ni état-major, ni généralissime, ni président du Conseil.

Les mercenaires qui, d'habitude, n'avaient à se mettre sous la dent que de pauvres villages chinois, se sont réveillés maîtres de ChapeÏ. A eux les canards laqués, les oeufs pourris, les objets de vitrines et les femmes égarées.
Voyons maintenant l'armée japonaise. Arrêtée dès la première heure, elle n'a pas insisté.


Le Journal 15 février 1932
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Une bataille décisive est imminente

Shangaï 14 février (via Eastern)
Les acteurs ont fini de plaisanter. Il était dix heures : le coeur du Soleil levant s'appelle aujourd'hui lieutenant-général Uyeda et porte le titre de commandant en chef du corps expéditionnaire japonais. Il nous attendait. Et de l'autre côté, la fameuse armée cantonnaise, cette armée est devenue la terreur non des Japonais, mais des Chinois.

Des messieurs de Nankin avaient envoyé une armée de renfort à Shangaï. Cette armée, toutefois, qui appartenait à un homme, Tchang Kaï Chek, ne venait pas combattre les Japonais, mais désarmer les Cantonais. Elle ne l'osa pas, mais elle se maintint dans les environs.






Le Journal 17 février 1932
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Que deviennent nos cinq mille Français

Shangaï 16 février (via Eastern)
A l'heure qu'il est nos fourreaux contiennent cinq mille baïonnettes. Que craignons-nous donc? En soi, la dispute entre Chinois et Japonais ne nous intéresse que comme voisin de palier. Nous avons un autre souci. Les foules chinoises peuvent être comparées à de monstrueux autobus qui, soudain, sous un mystérieux déclic, se mettraient en marche sans conducteur. Or la concession française est remplie de ces autobus.


Le Journal 20 février 1932
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Je répondrai à l'ultimatum japonais par des obus et des cartouches

Shangaï 19 février (via Eastern)
Cette fois, paraît-il, et bien que nous soyons en Chine, l'heure est sérieuse. Demain 20 février, au coucher du soleil, Shangaï aurait son grand soir.



Albert Londres va à la rencontre de Gaston Weng, ex commandant de la 19ème armée pour obtenir réparation des chicaneries de ses sentinelles, puis de Tsaï Ting Taï, son commandant actuel, qui rejette l'ultimatum japonais.




Le Journal 21 février 1932
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L'offensive japonaise a été déclenchée

Shangaï 20 février (via Eastern)
Les Japonais ont tenu parole. Ce matin, à sept heures trente, voyant que les Chinois ne bougeaient pas, ils ont lancé leur attaque










Le Journal 22 février 1932
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L'anxiété règne dans les milieux diplomatiques

Shangaï 21 février (via Eastern)
La bataille de Shangaï va lentement. Toutefois l'intérêt de la situation ne fait que grandir; cela est dû aux intentiions du Japon.
Le premier jour il est venu avec seize cents hommes...il en aura bientôt trente-sept mille.






Le Journal 23 février 1932
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Shangaï 23 février (via Eastern)
L'offensive japonaise se heurte à une résistance acharnée
En Orient, les surprises des Occidentaux sont souvent assez grandes, il ne faut donc pas s'étonner qu'en Extrême-Orient elles soient parfois extrêmes. Depuis l'ultimatum, Shangaï n'entendait, ne voyait, ne recevait plus rien. C'était comme je vous le dis. Pour un peu, on eût accusé les Japonais d'avoir dupé le pauvre monde. Cette 19è fameuse armée a surpris les Japonais, les Chinois et les Blancs.
Eh bien! le général Tsaï dans ses pantoufles et dans son beau manteau de civil ne veut pas se laisser battre. Je suis allé le revoir. Nous sommes des amis maintenant. Il était toujours tête nue quoique un peu enrhumé. Nous avons suçé ensemble des pastilles de menthol. Je lui ai demandé des nouvelles de son canari, il l'a fait apporter par un soldat pour me montrer que l'ultimatum japonais n'avait pas changé. "Il faut, m'a-t-il dit, que le Japon abandonne l'idée d'avaler la Chine. Son appétit est plus grand que sa bouche".


Le Journal 25 février 1932
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Une émouvante visite au temple de Bouddha de jade

Shangaï 24 février (via Eastern)
Venez avec moi, poussons la porte du temple du Bouddha de jade. En temps ordinaire c'est un merveilleux monument, aujourd'hui, c'est un hôpital. Le corps est si petit qu'on ne le trouve plus sous les couvertures. C'est un blessé de la guerre, un enfant. On l'a conduit ici, le ventre ouvert par une bombe. Il meurt. L'infirmière soulève le drap, la victime est amputée de la jambe droite. C'est encore un grand coupable : il a sept ans...Voici une boule minuscule, entourée de coton : ce guerrier vaincu a un an.
Six blessures, toutes aux chevilles. Les blessés sont des échappés de la région de Woosung. Ils fuyaient. Pour les stimuler, les Japonais leur ont tiré dans les jambes. Si la guerre n'est pas déclarée, la chasse du moins est donc ouverte...Lors de la grande guerre, les hôpitaux étaient réservés aux combattants. Aujourd'hui, on doit en ouvrir au moins autant pour les civils. Où les progrès de l'humanité s'arrêteront-ils?


Le Journal 27 février 1932
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Le conflit vu un mois après les premiers combats

Shangaï 26 février (via Eastern)
Le feu allumé à Shangaï ne s'éteint plus et l'on est conduit à se demander jusqu'où les flammes s'envoleront.
Pendant que les snipers balayaient les rues, la 19e armée défonçait la campagne. L'autre armée, celle venue de Nankin, non pour combattre les Japonais, mais pour dépouiller le général Tsaï, retourna sa veste devant le miracle. Est-ce la résurrection chinoise? Certes non!

Shangaï 22 février (via Eastern)DDDD L'armée chinoise en retraite s'est éloignée (Le Journal, 23 février 1932)
Shangaï retrouve son souffle. La bataille qui l'étreignait est finie. L'essentiel, pour l'un comme pour l'autre adversaire, était de sauver la face. Dès hier les deux états-majors avaient arrêté leur plan. Les japonais débarquaient à Liuho, déchaînaient sur tout le front un tapage sans précédent et, à la nuit, allumaient dans Chapeï l'incendie le plus grandiose de la série. Convenait-il que le général Tsaï, qui avait juré de s'accrocher jusqu'à la mort, reculât dans le silence?
Les Japonais comprirent ces choses. Ainsi, de bonne grâce, jouèrent-ils le jeu. Ils n'ont pas lésiné...une canonnade inouïe s'abattit sur Chapeï. C'était le bouquet, mais uniquement pour remercier l'assistance. Les Chinois étaient loin déjà. Un envoyé du général Tsaï pénétrait dans Shangaï, apportant l'ordre au pauvre maire de dissoudre immédiatement le corps de gendarmerie local. Ces hommes en armes de Nantao qui fusillaient leurs compatriotes...jettent leurs fusils, arrachent leurs défroques et revêtent la casaque du coolie. A huit heures, il n'en restait plus un dans les casernes. La nuit tombe. Dans Nanking road les magasins sont mieux éclairés qu'hier. Tout le monde renaît, sauf les morts.


Le Journal 2 mars 1932
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Les Européens vivent des heures mouvementées









Le Journal 4 mars 1932
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La belle leçon donnée à Machiavel par l'Extrême-Orient

Shangaï 3 mars (via Eastern)
L'armée chinoise est partie. Les Japonais qui voulaient Chapeï, ont Chapeï; Shangaï est dégagé. De cette entrevue masquée, ni les communiqués de l'armée chinoise, ni ceux de l'armée japonaise n'ont jamais parlé. Les Chinois en auraient perdu la face et les Japonais les fruits de la victoire.
Où la 19e armée s'est-elle réfugiée? A peu près à trente-cinq kilomètres de Shangaï. Nous ne pouvons dire qu'elle se soit réfugiée en ordre, étant imposible de parler d'ordre en Chine; mais elle n'a pas jeté ses fusls; les soldats ne sont pas encore partis piller les villages.










Le Journal 5 mars 1932
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Les Chinois se réjouissent d'une défaite imaginaire de l'armée japonaise

Shangaï 4 mars (via Eastern)
Shangaï vient d'être le théâtre d'une ahurissante crise d'hystérie. Les journaux moustiques de l'après-midi, n'ayant, depuis deux jours, plus rien à mettre sous leurs presses, forgèrent une victoire. Le général en chef japonais Shirakawa et trois mille de ses hommes avaient été anéantis par les armées chinoises. L'enthousiasme populaire éclata. Les pétards du jour de l'an sortirent des tiroirs où ils étaient restés. Ce fut un épouvantable tapage.
Le délire s'empara de la foule. la folie dura jusqu'au couvre-feu. L'affaire de Shangaï n'est pas terminée.







Numéros supplémentaires de "Le Journal"
En complément des reportages d'Albert Londres, Le Journal a produit des articles de synthèse de la situation militaire dans les journées où le périodique n'avait pas reçu à temps les "cablogrammes" expédiés de façon irrégulière par Albert Londres.


Le Journal 24 février 1932
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Le haut commandement japonais décide de suspendre les opérations à Shangaï et d'attendre l'arrivée de nouveaux renforts

Le Journal 26 février 1932
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Les troupes japonaises avaient réussi hier à forcer près de Changaï la ligne de défense chinoise, mais peu après les positions conquises devaient être évacuées.


Le Journal 28 février 1932
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Les Japonais occupent Kiang-Ouan après un violent bombardement

Le Journal 29 février 1932
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Des troupes japonaises débarquent à Shangaï dans la concession internationale

Le Journal 1 mars 1932
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Un plan de règlement proposé par la France reçoit à Genève l'adhésion spontanée de l'Italie, de l'Angleterre et des Etats-Unis




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